Au cours de cet entretien, Emmanuel Renault nous offre un aperçu de la manière dont la thématique de la reconnaissance est traitée en France aujourd’hui, notamment à travers le renouveau des études sur Hegel et Marx. Il explique la façon dont la reconnaissance a pu s’ériger en paradigme (en dépit de ses usages multiples et variés en France comme ailleurs), au cours de la dernière décennie et le rôle joué par Axel Honneth dans ce procès. Finalement, il explicite sa (...) manière d’envisager la pratique de la philosophie politique et son projet d’une critique du capitalisme. Emmanuel Renault nous livre également un commentaire critique mais constructif sur la manière dont Paul Ricœur envisage la reconnaissance et suggère quelques pistes concernant les possibles développements futurs des usages de la reconnaissance. (shrink)

La théorie critique de la société, telle qu'elle s'est développée dans le cadre de ce qu'on appelle parfois l'école de Francfort, se caractérise notamment par le fait qu'elle donne toute son importance aux dominations et aux conflits dans son analyse du monde contemporain. L'une de ses figures aujourd'hui centrales, Axel Honneth, est aussi l'auteur de la théorie de la reconnaissance sans doute la plus systématique et riche en perspectives théoriques et critiques. C'est de cette théorie qu'Emmanuel Renault part dans (...) cc livre, tout en lui apportant des inflexions justifiées d'une part par l'histoire de la théorie critique, d'autre part par l'analyse du temps présent. L'analyse de l'imbrication de la reconnaissance, de la domination et du conflit demande une approche spécifique : l'apport du pragmatisme américain et les débats sociologiques contemporains, en particulier Dewey et Bourdieu, complètent ici le modèle hégélien et les intuitions de Marx. Quelques exemples choisis parmi des objets souvent délaissés par les sciences sociales la conduite oppositionnelle d'un groupe de punks squatters, le langage protestataire de jeunes de banlieues populaires mettent à l'épreuve la capacité d'analyse de l'approche proposée par l'auteur, celle d'une philosophie sociale conçue comme une hybridation de la philosophie et des sciences sociales. Une contribution d'importance au coeur des débats les plus actuels."--Page 4 of cover. (shrink)

Descartes a entrepris de détruire la pratique aristotélicienne de la philosophie : à son savoir seulement probable, les Regulae, puis les Essais opposent une science certaine d'objets clairs et distincts. Mais cette instauration concerne aussi, peut-être même d'abord, l'idéal pratique qu'Aristote ne cesse de viser dans les sciences théorétiques : le sage parvient à la félicité par l'exercice même d'une connaissance si parfaite qu'elle imite celle du dieu, qui pense sa pensée en acte et éternellement. Descartes met décidément en crise (...) la félicité par la contemplation, dont la pensée médiévale avait hérité d'Aristote. Pourtant, une autre figure de la félicité se dégage tout aussi indiscutablement de l'entreprise cartésienne : la méthode, la certitude scientifique qu'elle permet et les principes métaphysiques qui assurent l'une et l'autre restent, à chaque moment, solidaires d'une attitude et d'une ambition proprement morales - la volonté infinie aboutit à la générosité, où la considération du bon usage de notre libre-arbitre permet le - contentement de soi-même -. Ainsi la philosophie atteint-elle, pour Descartes aussi, à une félicité. Mais à une félicité volontaire et non plus contemplative. On tentera donc d'abord de mesurer, dans différents champs de la philosophie cartésienne, l'impact de la certitude jusque sur les questions d'éthique ; ensuite, de souligner la référence constante, quoique souvent implicite, de Descartes à la félicité telle qu'Aristote la visait ; enfin, de suivre leur dialogue au fil conducteur de leurs versions divergentes, mais complices, de l'admiratio et du thaumazein. (shrink)

Cet article discute la manière dont les théories féministes de la reproduction ont conduit à entretenir et renouveler les discussions portant sur les meilleures manières de théoriser et de critiquer l’exploitation du travail au sein des sociétés capitalistes. Dans un premier temps, il remonte à Marx et à la manière dont Le Capital pose le problème de la reproduction de la force de travail sans l’associer à celui d’un travail reproductif. Dans un deuxième temps, il analyse la manière dont les (...) théories féministes de la reproduction sociale ont développé à partir des années 1970 une théorie de l’exploitation du travail domestique, conçu comme travail de reproduction, par le capitalisme. Dans un troisième temps, il propose une discussion critique de la manière dont les développements plus récents des théories féministes de la reproduction sociale ont élargi le concept de reproduction sociale et le déconnectant parfois des problématiques du travail et de son exploitation. (shrink)

La philosophie de la nature de l'Encyclopedie des sciences philosophiques fut, jusqu'a une date recente, presque ignoree par les etudes hegeliennes. Hegel s'y serait rendu coupable d'une pretention a concurrencer les sciences positives sur leur propre terrain et a rivaliser avec elles, en revelant a la fois son incomprehension de la scientificite la mieux etablie et la faible rationalite de son propre projet. Une lecture attentive permet de rectifier ces prejuges, en montrant non seulement que Hegel s'y trouve attentif et (...) respectueux du savoir positif de son temps, mais encore qu'il tente d'y definir les modalites d'une collaboration methodologiquement reglee entre philosophie et sciences. En quoi consiste le projet d'une science speculative? En quoi consiste chez Hegel la deduction speculative de la verite? En quoi consiste la comprehension hegelienne du statut et des formes du discours des sciences de la nature? Quelle attitude la speculation doit-elle adopter face aux controverses scientifiques? C'est a ces questions que s'efforce de repondre cet ouvrage. (shrink)

Cet article vise à discuter le rôle de l’altérité dans l’approche énactiviste. L’énactivisme considère la cognition comme un processus fondamentalement autonome, c’est-à-dire, qui n’est pas déterminé par des informations dites « externes » ni par des représentations issues de la manipulation symbolique. Une manière de comprendre l’autonomie met l’accent sur la fermeture du système cognitif, ce qui pourrait restreindre la notion d’altérité. Toutefois, nous aimerions proposer une lecture alternative de l’autonomie dans l’énactivisme, qui souligne son ouverture à l’imprévisible, et ainsi (...) rapprocher cette lecture de certaines compréhensions de l’altérité, notamment celle de Martin Buber. Par son refus de binarismes et son choix d’un chemin intermédiaire entre l’objectivisme et le subjectivisme, le dialogue phénoménologique de Buber et, plus spécialement, sa caractérisation de la relation Je-Tu nous semblent pertinentes à une conception énactiviste de l’altérité. (shrink)

Marx commença par développer son activité théorique dans le cadre philosophique du Jeune-hégélianisme et il finit par lui donner la forme d'une critique de l'économie politique. Au cours de cette évolution intellectuelle, et d'une évolution politique non moins profonde, il s'est essayé à différentes pratiques de la philosophie et a tenté différentes mises en rapport de la philosophie et de son dehors (la pratique, l'histoire, la politique, l'économie politique). Doit-on se contenter de constater l'existence d'une pluralité de philosophies de Marx (...) et d'une diversité de rapports à la philosophie? Ou bien est-il possible d'identifier un fil conducteur philosophiquement significatif? Les études réunies ici retiennent le second terme de l'alternative en décrivant un processus de transformation de la philosophie qui conduit d'une conception maximaliste (celle de la période hégélienne) à une conception déflationniste. Que la philosophie doive abandonner certaines de ses ambitions traditionnelles pour parvenir à atteindre certains de ses objectifs principaux, c'est l'une des principales leçons qui ressort de l'examen des pratiques marxiennes de la philosophie dans Les Annales Franco Allemandes, les Manuscrits de 1844, L'Idéologie allemande et Le Capital. Une leçon qui n'a rien perdu de son actualité. (shrink)

Pensant la philosophie selon son déroulement dans le temps, Rorty suggère que le projet qui l’a soutenue au cours de plusieurs siècles, fonder la connaissance sur des principes sûrs, s’est avéré inachevable parce que circulaire. Est-ce donc que la philosophie serait finalement impossible? Non, parce qu’alors une nouvelle démarche philosophique émerge, consistant à « soutenir la conversation », c’est-à-dire à empêcher que la libre recherche du meilleur discours sur le monde ou sur la conduite ne soit entravée par des prétentions (...) fondationnalistes à définir les règles définitives. Enfin, il serait faux de voir là une chute dans le relativisme, sur le plan cognitif ou moral ; une telle critique méconnaîtrait la dynamique réelle de la pratique humaine du jugement. (shrink)

La théologie chrétienne contient ou implique une métaphysique de la médiation universelle du Verbe incarné. Montrer que le rationalisme critique ne peut ignorer le problème de la médiation et qu'il y a place dans la philosophic la plus jalousement autonome pour une ouverture sur le surnaturel chrétien, telle fut la têche à laquelle Maurice Blondel consacra sa vie. Ses écrits ne laissent aucun doute: la recherche part de la foi, de l'Éivangile, de la christologie de S. Jean et de S. (...) Paul, et fraie son chemin vers le discours philosophique. Dans l'ordre de l'expression et de l'exposition cependant, Blondel ne pouvait prétendre au statut de philosophe sans passer par des prémisses et des méthodes purement philosophiques. Comment ajuster ceci è cela? Comment obtenir un discours philosophique si la recherche est théologique? Comment rester d'accord avec l'intention théologique si les principes sont purement philosophiques? Il faut ici un moyen terme, une médiation entre le croyant et le philosophe, è savoir la conviction indivisiblement rationnelle et religieuse que la philosophic ne tolère pas d'être contredite par la foi, ni la foi par la philosophic. Ce point de coincidence est une condition de possibilité de l'entreprise blondélienne. II ne faut pas l'oublier en abordant l'étude de Jacques Flamand sur la médiation chez Blondel. (shrink)

La problématisation freudienne de l’expérience ne consiste pas à s’interroger, de manière classique, sur la façon dont le sujet constitue en un savoir objectif des événements particuliers, mais comment le sujet lui-même est constitué en une identité objective, c’est-à-dire dont il peut avoir une connaissance consciente et qui peut être reconnue comme telle par d’autres, à partir d’événements singuliers qui se produisent dans un contexte en-deçà du champ théorique de la conscience, celui du plaisir. S’il part ainsi d’une problématique empiriste (...) de l’expérience (comment, dans le donné, peut-il se constituer un sujet tel qu’il dépasse le donné ?), il estime qu’il faut également chercher à comprendre, à partir de l’expérience elle-même en tant que vécu, la nécessité du rapport entre expérience et subjectivité : si c’est l’expérience qui « produit » le sujet, celui-ci faisant alors figure de dérivé ou d’ « épiphénomène », comment comprendre la « nécessité » de cette production, ainsi que le fait que, une fois constitué, le sujet se définit en retour comme un élément essentiel à l’expérience ? Le sujet de l’expérience ne fait-il que répéter indéfiniment des événements originaires dont le sens lui échappe, ou participe-t-il effectivement à la réalité des expériences qui l’affectent ? (shrink)

On considère généralement que Marx n’a jamais envisagé le monde rural que comme un archaïsme condamné par le progrès de l’histoire. L’objectif de cet article est de problématiser cette idée, en examinant les différentes tensions qui travaillent la réflexion de Marx sur la terre et les paysans. Nous montrons que deux découvertes complémentaires le conduisent à relativiser sa croyance au caractère progressiste du développement capitaliste : la découverte des tendances écocidaires du capitalisme et celle de la vivacité des communes agraires. (...) De ces deux découvertes, il résulte que Marx critique finalement le capitalisme du point de vue de ses effets sur la terre et celles et ceux qui la travaillent. C’est donc aussi de ce point de vue que doivent être repensées la nature, la valeur et les conditions de réalisation du communisme. (shrink)

Les articles réunis dans ce dossier de la revue Astérion portent sur la première génération de la Théorie critique (dont Max Horkheimer, Walter Benjamin, Theodor W. Adorno, Herbert Marcuse et Erich Fromm constituent sans doute les figures principales). Ils se concentrent plus précisément sur les contributions philosophiques qui marquèrent la période ouverte par l’accession de Horkheimer à la direction de l’Institut de recherches sociales (1931) et close par la publication en 1944 de Dialektik..

In The Experience of Injustice, the French philosopher Emmanuel Renault opens an important new chapter in critical theory. He brings together political theory, critical social science, and a keen sense of the power of popular movements to offer a forceful vision of social justice. Questioning normative political philosophy’s conception of justice, Renault gives an account of injustice as the denial of recognition, placing the experience of social suffering at the heart of contemporary critical theory. Inspired by Axel Honneth, (...) Renault argues that a radicalized version of Honneth’s ethics of recognition can provide a systematic alternative to the liberal-democratic projects of such thinkers as Rawls and Habermas. Renault reformulates Honneth’s theory as a framework founded on experiences of injustice. He develops a complex, psychoanalytically rich account of suffering, disaffiliation, and identity loss to explain these experiences as denials of recognition, linking everyday injustice to a robust defense of the politicization of identity in social struggles. Engaging contemporary French and German critical theory alongside interdisciplinary tools from sociology, psychoanalysis, socialist political theory, social-movement theory, and philosophy, Renault articulates the importance of a theory of recognition for the resurgence of social critique. (shrink)

This is the first English-language translation of an important book that contributes to contemporary debates about social suffering in sociology, social psychology, political theory and philosophy. Renault provides a systematic account of the ways in which social suffering could be conceptualised.

ABSTRACT While the first generation of the so-called Frankfurt School has promoted a strong interconnection between social critique and knowledge of the social world, contemporary critical theory seems to consider that epistemological issues don’t deserve anymore consideration. Is it really possible to elaborate a convincing theory of social critique without taking seriously the various links between social critique and knowledge? This article argues that the answer is no. In a first step, it recalls the ways in which the philosophical debate (...) about social critique is currently articulated and how it disconnects social critique and knowledge. One of the reasons for such a disconnection relates to a vision of politics as consisting mainly in a conflict between normative principles, notably between conceptions of social justice. This vision of politics is criticized in the second step of this paper. A second reason, examined in the third part of the paper, relates to the risk of epistemic violence. The shared but questionable assumption is that any sociological or philosophical attempt to produce knowledge would necessarily lead to epistemic violence rather than to epistemic empowerment. (shrink)

This paper begins by defending the twofold relevance, political and theoretical, of the notion of social suffering. Social suffering is a notion politics cannot do without today, as it seems indispensable to describe all the aspects of contemporary injustice. As such, it has been taken up in a number of significant research programmes in different social sciences (sociology, anthropology, social psychology). The notion however poses significant conceptual problems as it challenges disciplinary boundaries traditionally set up to demarcate individual and social (...) phenomena. I argue that philosophy has a role to play in the attempt to integrate the diverging perspectives stemming from the social sciences. I attempt to show that, as it engages with the social sciences to account for the conceptual and normative issues thrown open by the question of social suffering, philosophy in fact retrieves the very idea of critical theory, as a conjugated critique of social reality and of its knowledge. I conclude by showing how the question of social suffering then becomes a useful criterion to distinguish between the different existing approaches in critical theory. (shrink)

La théorie deweyenne de la nature humaine permet de clarifier le sens du naturalisme deweyen ainsi que ses implications politiques. La première partie de l’article analyse la manière dont Dewey défend une conception processuelle, interactionnelle et intégrative de la nature humaine. La deuxième partie analyse la fonction classificatoire du concept de nature humaine et la troisième la manière dont Dewey attribue une fonction explicative à ce concept en discutant les références politiques conservatrices ou progressistes, voire révolutionnaires, à la nature humaine.

Cet article s’interroge sur le sens des termes « français » et « allemand » quand on distingue des caractéristiques françaises et allemandes à propos de la théorie de la reconnaissance. Deux manières de distinguer ces caractéristiques sont analysées : la première considère que la promotion philosophique du concept de reconnaissance est une opération allemande à laquelle rien ne correspond de ce côté-ci du Rhin, la seconde affirme que le propre des approches philosophiques françaises de la reconnaissance est de souligner (...) la face négative de la reconnaissance, alors que les Allemands rattacheraient la reconnaissance à l’autonomie et à la réconciliation. (shrink)

In contemporary political philosophy, the disqualification of the problematic of alienation has to a large extent rested on the conviction that the norms of democracy, justice, and the good life provide a sufficient framework within which to outline a social critique that is politically pertinent. The paradox is that, at the very moment when such a conviction was becoming widespread, its validity was being refuted by the historical reality. It would appear that the casting-off of the Fordist system has seen (...) the emergence of a different set of social pathologies which, if they are to be adequately thematised and criticised, require the activation of the notion of alienation. (shrink)

This article reveals the influence Simone de Beauvoir’s writings had on Frantz Fanon, even though Fanon never cites Beauvoir’s views and even seems to try hard to hide any intellectual lineage with Beauvoir. Clarifying the motives of this “disappearance” is necessary not only for understanding Fanon’s oeuvre, but also for appreciating the connections between, which are also a co-emergence of, feminism and anticolonialism-antiracism in the years following World War II.

In this short essay, I will endeavour to show that Frantz Fanon’s well-known conception of struggles for national liberation is intimately linked to an erotics of liberation . This one takes its roots in a shift, or better a reversal, of theories of racism . As Etienne Balibar argues, “racism,” as a category, appears at mid 19 th century, especially under the aegis of the UNESCO, as a break with the conceptions of “race,” considered to be a pure “myth” or (...) “prejudice.” A better example of such an epistemological rupture is probably Sartre’s Antisemite and Jew and its motto: “the Jew is a man whom other men consider a Jew…it is the anti-Semite who makes the Jew.” In other words, race is nothing but the product of racism. The biological arguments that underlie the theories of race are “false” arguments inasmuch as they depend on ideological and/or psychological premises. (shrink)

The meanings and functions of the notion of social philosophy in John Dewey’s writings have not really been subjected to serious philological investigation. Until recently, Dewey scholarship has simply equated social philosophy either to political philosophy in general, or to philosophy of education,1 and in recent years we have tended to read this social philosophy from a retrospective point of view, with reference to contemporary debates about social philosophy as an alternative to contemporary political philosophy.2 One reason for this lack (...) of philological attention has been that the only way to study Dewey’s project of social philosophy was to refer to the English translation of the Chinese translation... (shrink)

The evidence today is practically uncontested: about thirty years ago we left Fordism behind and entered a new phase of capitalism. That the structures of the post-Fordist social order call for new modes of social critique is also a prevalent idea. The category of alienation continues, however, to be discredited. Nevertheless it is not clear that the categories of democracy (as apparatuses of non-domination), justice and the good life are capable of bringing about the political effects that may be expected (...) today from the concept of alienation. For these reasons, not only the historical diagnostic that appears to have authorized jettisoning the problematic of alienation but also the model of critique used to replace it demand critical scrutiny. (shrink)

This paper asks whether or not normative political philosophy can face the challenge of the critique of the political. This question is addressed to theories of justice in general, but this paper considers Habermas' position in particular. It advances the thesis that the main theoretical and political problem of theories of justice is that they have not really taken the abolitionist dimension of the concept of justice into account. As a consequence, they run the risk of reproducing in themselves the (...) political abstraction that they should criticise. (shrink)

The aim of this paper is to propose a preferences representation model where ambiguity attitudes can be exogenous events or past experience-dependent. We adapt the Recursive Smooth Ambiguity model proposed by Klibanoff (Journal of Economic Theory 144:930-976, 2009) by introducing past experience described by a sequence of neutral events occurring up to the moment of the decision. These neutral events do not provide any information on the true process, but are likely to strengthen or weaken the decision-maker’s ambiguity aversion degree (...) by modifying emotions. Our model can explain some observed behaviors and market inefficiencies. We propose two illustrations. First, we provide a behavioral explanation for the decrease in influenza vaccination in France that followed the H1N1 crisis in 2009–2010. Second, we contribute to the broad literature on the annuity puzzle by introducing the impact of emotions on ambiguity attitudes. (shrink)

The interpretation of Marx’s references to work and to domination is a vexed question. Can we say that Marx criticizes capitalism in terms of its effects on work? Or does he criticize capitalism from the standpoint of those subject to domination, and with whom his position is one of solidarity? Or does he elaborate a description of the unprecedented transformations brought about in the relations of power, which the category of domination is unable to apprehend effectively? The article argues that (...) these differences in interpretation are actually based on a series of false oppositions. Marx’s aim is in effect to articulate the question of the domination of work and the question of domination at work, insofar as he accords a position of political centrality to the connection between domination and work. (shrink)

If it seems fully legitimate to introduce Marx in the contemporary discussion about recognition, it is more disputable to attribute to Marx an unified conception of recognition. There is no doubt that Marx hasn’t provided any systematic account of recognition, but he has tackled the issue of recognition from various points of view. Could these various points of view be unified in a general conception of recognition? This article claims that this is not the case since three accounts of recognition (...) should be distinguished that are hardly compatible one with the other: one Feuerbachian account of recognition of the species being in the other, one account of recognition related to the dynamics of disrespect as social experience, and one account of recognition through social roles. (shrink)

Facing the flood of contradictory interpretations of Nietzsche’s writings, is it still possible to assert anything positive about the political and intellectual stance of the author of « Zarathoustra »? In his massive study, Domenico Losurdo, Professor of Philosophy at the university of Urbino, argues that Nietzsche’s thoughts, even the most provocative, such as his defence of slavery or eugenics, should not be read as simple metaphors or innocent speculations aiming at the moral improvement of man, but constitute a specific, (...) agressively aristocratic, response to what, according to Nietzsche, is the main threat of his time : the rise of revolutionary ideals, and global democratisation of society. (shrink)

Merleau-Ponty finds a philosophical interest in the psychoanalytical clinic, especially in the the clinic of children and hallucinating people, which can support the concepts of flesh and Ineinander. But in the philosophy of Merleau-Ponty there is also a clinical interest, residing in the link he establishes between the flesh, conceived as the origin of existence, and the pathologies that Freud described as “narcissistic” and nowadays called “psychotic” or “borderline” states. To support this hypothesis, we will link Merleau-Ponty’s own “clinic of (...) the origins” and Harold Searles’ theory of narcissistic pathologies based on his clinical experience with schizophrenics. This confrontation will reveal how a philosophy of flesh provides us not only with theoretical points of reference relevant to the clinic of schizophrenia, but also fruitful technical indications regarding the direction towards a cure of such a pathology, indications that join those provided by Searles. (shrink)

The question of social medicine provides the opportunity to engage in a critical reading of Foucault's theory of biopower. The analyses dedicated by Foucault to `the birth of social medicine' represent one of the few examples of a thorough application of that theory. They allow Foucault to show the heuristic value of the biopolitical hypothesis at the level of the most concrete historical materiality, and not just at that of the general history of the forms of governmentality. These analyses, however, (...) also allow the historiographical and political limits of the biopolitical hypothesis to come to light. From the perspective of the history of sciences as well as from that of the analysis of the modalities of social critique in the first half of the nineteenth century, Foucault appears to provide an interpretation that is too continuist and tends to homogenise the historical phenomena. The disqualification of social medicine relies in part on simplifications that continue to bear great significance today in view of the current transformations in the social question. (shrink)

Current debates on neo-liberal governmentality and the medicalization-psychologization of the social constantly refer to Foucault’s theory of biopolitics. I critically examine Foucault’s notions of biopolitics and liberalism as conveyed in his articles on the emergence of social medicine in the 19th century. My thesis is that the movement of sanitary reform is irreducible to the mere development of liberal governmentality and that the idea of social medicine was associated in the period with a critique of the normative principles of liberalism (...) which remains relevant today. (shrink)

Apoyándose en el análisis crítico de discusiones clásicas y contemporáneas sobre democracia laboral, el artículo examina, en primer lugar, los argumentos que pueden formularse para sostener que la democratización del trabajo es posible y deseable, o, por el contrario, que es imposible o ilegítima. Se distinguen a continuación dos escenarios de democratización del trabajo: el primero piensa la democratización del trabajo como una democratización del gobierno corporativo; el segundo la concibe como una democratización de la participación en la actividad colectiva (...) del trabajo. El artículo defiende que la radicalización de la democracia exige democratizar los entornos laborales y comprender el trabajo como un espacio de formación de hábitos democráticos como la autonomía, la cooperación y la deliberación colectiva. (shrink)

Cet article s’efforce de distinguer les enjeux ontologiques et logiques de la théorie hégélienne de l’effectivité. Dans un premier temps, il précise en quoi la Science de la logique « coïncide » avec l’ontologie ou la « remplace ». Dans un deuxième temps, il analyse la manière dont Hegel présente la Science de la logique dans son ensemble comme une théorie logique. Il est alors possible, dans un troisième temps, de mieux comprendre la contribution de la section « Effectivité » (...) à la théorie de la vérité de la pensée. (shrink)

The Marxian concept of ideology has been subjected to various types of criticism. Some criticism derives from the concept’s internal difficulties. Other criticism stems from the historical evolution of ideological forms. The article argues that a shift which is often presented as an overcoming of ideology is rather to be seen as a transformation of ideology, which in turn calls for a transformation of our conceptions of ideology. The article thus focuses on the trend towards the replacement of a paradigm (...) of justification by legitimation by a paradigm of justification by description. (shrink)

La 4e de couverture indique :"Farouche adversaire de l'absolutisme, défenseur de la tolérance religieuse, père fondateur du libéralisme, John Locke (1632-1704) est une figure canonique de l'histoire de la pensée politique européenne. Il a forgé son oeuvre au coeur même des batailles politiques qui agitaient l'Angleterre de la fin du XVII ème siècle et qui menèrent à la Glorieuse Révolution de 1688. Ce que l'on sait moins, c'est que Locke a également eu une très riche carrière coloniale au service de (...) l'expansion anglaise en Amérique. Sa philosophie constitue le moment inaugural d'une histoire au cours de laquelle allaient être inextricablement noués libéralisme et colonialisme, construction étatique et formation impériale. Elle révèle également les relations intimes qui ont uni épistémologie et politique depuis la découverte du Nouveau Monde. L'Amérique de John Locke entend mettre en évidence l'émergence d'une géopolitique de la connaissance avec laquelle nous sommes encore loin d'avoir fini.". (shrink)

La question de la philosophie de l’histoire compte parmi celles qui conditionnent l’interprétation de la position philosophique du jeune Marx, du sens de son rapport à Hegel et au jeune hégélianisme. La conception matérialiste de l’histoire se présente comme une théorie de l’histoire irréductible à une philosophie de l’histoire, mais on peut cependant identifier différents éléments de continuité si l’on remonte aux usages spécifiques que le jeune Marx faisait d’arguments relevant spécifiquement de la philosophie de l’histoire. Prendre au sérieux le (...) fait que le jeune Marx a cherché à élaborer une théorie sociale et politique du point de vue d’une philosophie de l’histoire, comme on cherche à le montrer dans cet article, permet donc de rendre compte d’éléments de continuité (la théorisation du point de vue de l’histoire et le présentisme) entre la période de jeunesse et la période de maturité. Tenir compte de la spécificité et de la diversité des formes de réalisation du projet des philosophies de l’histoire peut également permettre de mieux comprendre en quel sens Marx et les jeunes hégéliens étaient hégéliens, et quel type de jeune hégélien fut Marx entre 1841 et 1844. (shrink)

C’est d’une épistémologie que relève l’affirmation suivant laquelle « toute pensée est exagération », alors que c’est un modèle de critique sociale que définit la thèse suivant laquelle « Seule l’exagération est vraie ». Certains des enjeux de ces thèses apparaissent plus clairement lorsqu’elles sont interprétées dans l’horizon de la confrontation d’Adorno avec la phénoménologie. Si son rapport à Heidegger, dans le cours Ontologie und Dialektik, dans le Jargon de l’authenticité et dans la pre...

Marx and his Deflationist Conception of Philosophy What is the status of philosophy in the Marxian project ? To answer this question, we must examinethe place of philosophy in the Marxian opus and we must qualify the nature of the philosophicalposition which can be attributed to Marx. The thesis put forward in the article is that the specificnature of the Marxian enterprise is less the result of its being a defence of a new philosophical principle , and more a case (...) of its having formulated a new practice ofphilosophy. This practice is one which is characterised by its deflationary thrust. A comparison withpragmatism and with critical theory can help us to spell out the issues which are involved here. (shrink)

Critical theory : tradition and current issues In this interview Axel Honneth reviews his personal trajectory, starting out from Marx and proceeding by way of critical theory. He defines his relation to the various currents of contemporary political philosophy and to the various research agendas which are today to the fore in critical theory. Honneth examines the place which a social philosophy can today claim and the question of the current renewal of interest in Adorno.

RESUMEN Este artículo intenta articular una serie de reflexiones dispersas sobre las relaciones entre el pensamiento de la historia y la crítica del eurocentrismo; o para decirlo de otra manera, y parafraseando el título de un ensayo de Santiago Castro-Gómez, se trata de proponer un conjunto de preguntas o "cuestiones abiertas" relativas a la posibilidad o imposibilidad de hacer una filosofía decolonial de la historia. ABSTRACT This article is an attempt to articulate a series of scattered reflections on the relations (...) between historical thought and criticism of Eurocentrism; or to put it another way, by paraphrasing the title of an essay by Santiago Castro-Gómez, it aims at introducing a set of "open questions" concerning the possibility, or impossibility, of making a decolonial philosophy of history. (shrink)

The concepts of globalisation and of neoliberalism are symptomatic of the transformations which have taken place in the way the question of social critique has been addressed. The contemporary period has witnessed the emergence of a protocol of social analysis in which political inquiry is linked to historical diagnosis, drawing on the categories of historical periodisation and of economic analysis. The debate is thus, to a certain degree, shifted to the terrain of Marxism. As for the latter, it is confronted (...) with a new set of theoretical and political challenges. (shrink)

Professor Sutton opens his lively monograph on the nature of economic theory with the following question: is it possible to find economic models that work? He uses the question to guide us on a methodological tour with Marshall's characterization of economic theory as the point of departure. I must say I enjoyed the trip. Along the way, the animating issue of what works in economics could hardly have been addressed without dealing with issues in verification, and the author's arguments include (...) an appraisal of what he considers as standard econometric methods. In these comments, I will revisit at some length one of the key sites on John Sutton's tour bringing along a view of modern econometrics which is somewhat different from his and which affords a different perspective on the Marshallian paradigm. (shrink)

How does Marx refer to Work and to Domination ? The interpretation of Marx’s references to work and to domination is a vexed question. Can we say that Marx criticises capitalism in terms of its effects on work ? Or does he criticise capitalism from the standpoint of those subject to domination, and with whom his position is one of solidarity ? Or does he elaborate a description of the unprecedented transformations brought about in the relations of power, which the (...) category of domination is unable to apprehend effectively ? The article argues that these differences in interpretation are actually based on a series of false oppositions. Marx’s aim is in effect to articulate the question of the domination of work and the question of domination at work, insofar as he accords a position of political centrality to the connection between domination and work. (shrink)